jeudi 4 novembre 2010

En rajouter une couche

Trouver une démarche, un procédé permettant de produire du « couche par couche ». Le but de l’opération est de récolter ces différentes « couches » pouvant être aussi bien de « l’image, du texte, de la couleur, etc » pour pouvoir les agencer entre elles comme bon nous semblera. Récolter ou collecter, c’est que je vais essayer de faire dans un premier temps. Le millefeuille viendra plus tard. Si les ingrédients sont bons. Je choisis de ne pas être le créateur de ses couches, mais plutôt un récolteur. Une solution de facilité diront certains. Je le concède aisément. Pour justifier un peu la chose, je dirai que je choisis une posture d’éveil en cherchant avant tout à observer un peu autour de moi, et voir dans quel environnement j’évolue. Et puis je trouve qu’il est très difficile de fabriquer ne serait-ce qu’une « couche » de toute pièce pour qu’ensuite cette dernière vienne produire du sens {un manque d’audace on pourra rajouter}. Le but de l’exercice n’exige pas cette condition pour le moment mais la question du sens finit toujours par arriver. Et des « couches » potentielles, il en existe déjà des toutes faites autour de moi.

Dans un premier temps, je m’étais fixé un petit mode de fonctionnement :

1_se rendre dans un lieu,
2_s’apercevoir de tous les documents de communication (affiches, dépliants, posters, notes, autres) qu’il peut contenir,
3_les récolter en les photographiant ou en les scannant,
4_les imprimer " couche par couche " (en prenant comme point fixe le centre du document final et positionner les récoltes par rapport à ce point),
5_la dernière couche venant « sceller » l’impression serait une empreinte photographiée du lieu.


Entre temps, il y a eu cette vision. Cette sucette, croisée Avenue de Saragosse située devant le théâtre, contient un événement dont j'ai pu suivre différents moments. D'ailleurs j'ai la chance de pouvoir en côtoyer un presque quotidiennement, celui de l'exposition présente dans la galerie de l'esac. Elle côtoie mon quotidien d'étudiant et j'ai le choix de pouvoir l'inclure ou non dedans. Cette sucette, pour en revenir à elle, contient des éléments connexes à ce qu'elle représente en premier lieu. Elle a invité et continue d’inviter à prendre part à, respectivement: une table ronde, l'exposition citée plus haut, une autre proposant une déambulation dans la ville de Pau et ses alentours. Je découvre en parcourant à nouveau le dépliant consacré à Ouvrez l'œil qu'une collecte d'images est possible en se rendant dans les différentes médiathèques de la région paloise. C'est révélateur. Bref…

Je repense à cette exposition qui avait eu lieu à Bordeaux Affiche frontière pensée par Metahaven. J’en avais eu vent par une affiche justement rencontrée au détour d’un arrêt de tramway du côté de l’Université de Bordeaux 1. Je me rappelle avoir parcourue rapidement cette exposition au CAPC et en fait être passé complètement à côté. Je l'avais perçue comme un simple événement prenant place dans un lieu d'art alors qu'il a été plus que ça en réalité. Son lieu d'exposition réel, je le parcourais quotidiennement puisque c'était Bordeaux et sa périphérie. Je franchissais continuellement la frontière que ces affiches avaient créée, sans le savoir, sans en être conscient au moment opportun. Ce fut à la lecture d'un étapes: que je découvris leur intention utopique. Ça a eu l’effet de changer ma perception du support affiche. J’essaie de me demander à chaque fois que j’en perçois une, un peu singulière, un peu différente dans le paysage commercial qui nous entoure, quel pouvoir elle peut renfermer au-delà de ce qu’elle dit.

Je me suis demandé si les gens, que l'on peut croiser anonymement au quotidien, percevaient vraiment ce que propose cette affiche bien qu’elle le mentionne ? Elle renferme, elle contient, différentes possibilités d'exploration au delà de sa simple existence. L'idée consisterait à en faire état de certaines, en les photographiant, pour les superposer après coup sur l'image de cette sucette.

J'ai eu le souvenir de cette affiche vue de nuit, dans sa sucette lumineuse. La vision était plaisante {ce moment d’ailleurs m’a permis de saisir pourquoi les couleurs de fond choisies étaient du bleu et du jaune ; ça m’a presque sauté aux yeux} et je ne l'avais pas encore capturée de nuit. Je suis reparti sur le lieu où j'avais fait ma première photo de l'affiche, de nuit cette fois-ci. L'affichage avait changé. Une image en avait chassée une autre dans le roulement continu des affichages publicitaires. Une autre vision de « couche », temporelle cette fois-ci.

Et je repense.au projet de Metahaven. Sur le chemin du retour je décide de relever, de photographier toutes les sucettes publicitaires que je rencontrerai sur ma route jusqu'à ma destination retour.

Une autre façon de faire émerge. Cette récolte, selon un itinéraire choisi, pourrait se faire régulièrement. Elle capterait les modifications publicitaires ayant lieu sur une période donnée dans un périmètre d'action choisi, et une sortie papier par exemple marquerait la modification d’une ou plusieurs couches par rapport à sa forme antérieure.


Cliquez pour voir les superpositions


Idem

Ce qui serait génial, que le « couche par couche » puisse se générer, se créer automatiquement. Je ne serais plus qu’un récolteur d’images et mon rôle consisterait seulement à actualiser les « couches ». Les images viendraient se superposer comme elles le souhaiteraient selon leur propre volonté. J’aimerais que le processus ait une part d’aléatoire et d’autonomie.